En pratique, il apparaît nécessaire de hiérarchiser les priorités afin d’agir ensemble à bon escient. Ainsi, la défense doit-elle s’organiser en premier lieu pour protéger son but puis, dans un deuxième temps, envisager la récupération du ballon. C'est le rapport de force entre la défense et l’attaque qui dictera le moment où il conviendra de passer de l'une à l'autre action collective. Pour atteindre ces deux objectifs, l'alignement oeuvre à structurer le placement et à orienter la mobilité des joueurs.
Dans une animation en zone, il existe plusieurs principes défensifs parmi lesquels l’articulation entre le cadrage et la (ou les) couverture(s) associée(s). Si un défenseur se détache de la ligne de 4 pour cadrer le porteur, l’alignement va se déformer de façon à réduire l’espace laissé libre dans la ligne et assurer une couverture du partenaire. C’est une animation typiquement "gourcuffienne" (voir schéma 1).
Notez que le comportement de la défense dépend de la règle du hors-jeu : alignement droit, à plat ou en diagonale avec initiative au latéral à l’opposé qui voit le mieux l’alignement (voir schéma 2).
L'idéal étant que les joueurs agissent de la même manière, sur la base d’un langage commun… et que l’un d’entre eux dirige la manoeuvre.
S'agissant maintenant de la ligne des milieux, l'animation consistera à réduire les angles de passes et à limiter le temps dont dispose le porteur pour jouer dans la profondeur. Au moment du cadrage sur les joueurs extérieurs, l’alignement sera alors orienté en diagonale (voir schéma 3).
Les 2 attaquants sont chargés quant à eux d’effectuer une mise sous pression sur les premiers relanceurs en évitant au maximum de se faire "transpercer" par une passe sur le numéro 6 adverse, souvent placé entre eux deux.
Voilà pour la synchronisation des joueurs, ligne par ligne. Le travail de "connexion" s’envisage dans un deuxième temps. La distance dans la profondeur entre les différentes lignes va varier en fonction de la position du bloc et de l’accès au but. Pour donner un ordre d’idée, cela peut aller de 7-8 mètres pour un bloc bas (voir schéma 4), jusqu’à 12-15 mètres pour un bloc haut. La problématique, elle, est la suivante: si le ballon passe entre les lignes, il faut que les joueurs de la ligne "supérieure" aient le temps - sur la durée de la trajectoire du ballon et de la prise de balle de l’adversaire - de venir agir en tenaille avec les joueurs de la ligne "inférieure". Or, plus l’espace entre les lignes est important, plus le ou les joueurs en repli mettront du temps à intervenir…
Régis LE BRIS nous livre en détail l’animation défensive d’une ligne et des lignes entre-elles ! De la sorte, on gère à la fois les espaces en largeur (intervalles) et en longueur (espaces).
Curieux d’en savoir plus, j’ai contacté Régis LE BRIS la semaine dernière lors de la préparation de l’article. Et bien évidemment, il n’en est pas resté là…
Depuis la parution du magazine, nous avons travaillé sur les feedbacks de manière à confronter le modèle initial au rendu en match et à l’entraînement. Dans les deux cas, nous nous appuyons sur la vidéo. Ainsi, le joueur expérimente, ajuste ses représentations : notamment, les intentions adverses dans la profondeur, développe un sous-projet avec ses partenaires… C’est un processus circulaire où s’enchaînent connaissance, expériences, débriefing, connaissance… D’une idée du projet défensif contenue sur une diapo, nous nous retrouvons à mi-saison avec 5-6 idées supplémentaires issues de nos expériences de compétition.
Comme lundi, une présentation proche mais différente ! Toute cette matière devrait permettre à chacun d’entre nous de construire, faire évoluer ou confirmer sa propre animation… Et, ce n’est pas l’article de demain (vendredi) qui nous posera des barrières dans notre volonté de créer, pour certains, ou d’affiner, pour d’autres, une animation singulière, voire révolutionnaire ! En tout cas, la nôtre…
Auteur : Pierre SAGE
L’expert Blog Vestiaires, la semaine du coach
Twitter : @Pierre__Sage